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guide
de l'église Saint Antoine d'Ouroux (Rhône)

texte tiré de l'ouvrage Histoire d'Ouroux écrit par l'Abbé Germain ODOUARD vicaire à Ouroux de 1879 à 1892
complété et imprimé en 1952 par l'Abbé Joseph AUBONNET curé d'Ouroux



l'église Saint Antoine d'Ouroux

l'église Saint Antoine d'Ouroux (Rhône)

L'architecture seule peut nous permettre de déterminer approximativement l'époque à laquelle l'église d'Ouroux fut construite. Ses fenêtres à plein cintre, ses voûtes en ogive, nous rappellent la période romano-byzantine de transition, période qui s'étend du commencement du XIIème siècle au commencement du XIIIème. Elle est néanmoins plutôt de la fin du XIIème siècle, car dans la première moitié, les voûtes en ogive sont fort peu règulières: ou bien elles s'éloignent du plein cintre, ou bien elles sont très aigües. Celles de notre choeur, au contraire, sont parfaitement régulières.

église Saint Antoine d'Ouroux (Rhône)

L'église actuelle a certainement remplacé une église plus ancienne, puisqu'Ouroux était depuis longtemps paroisse et comme cela avait lieu fréquemment, on a pu faire servir aux constructions nouvelles, dans une certaine mesure, les fondations anciennes. Il n'en subsiste néanmoins aucune trace à cette heure. Il est possible toutefois que la tête de moine encastrée dans le mur extérieur de l'abside provienne de cette ancienne église.

Cette tête en pierre du pays et grossièrement sculptée offre bien l'aspect d'une tête de religieux avec sa couronne monacale et sa physionomie austère. Elle a du servir de support, car la partie supérieure est sensiblement aplatie. Sa position irrégulière entre deux contreforts ne permet pas de supposer qu'elle a été placée là comme ornement. On sait que dans les siècles qui précédèrent l'époque qui nous occupe, on employait pour recevoir les arcs des modillons ou pierres saillantes en forme de consoles que l'on sculptait diversement. L'exécution plus originale de celui-ci aurait déterminé les ouvriers à le conserver.

Comme architecture, l'église d'Ouroux appartient au style bourguignon employé exclusivement à tout autre dans nos paroisses voisines du célèbre monastère de Cluny.

plan de l'église d'Ouroux église Saint Antoine d'Ouroux (Rhône)


Dans le principe, et jusque vers le milieu du XVème siècle, le choeur avait la forme actuelle. Au centre du transept, une coupole octogonale reposant par ses quatre pans plus développés sur quatre arcs en ogive. Les angles sont remplis par les pendentifs qui servent eux-mêmes de supports aux quatre pans plus petits de la coupole. Les deux bras du transept sont surmontés d'une voûte ogivale sans ornement. L'abside semi-circulaire, soutenue extérieurement par cinq contreforts très simples avait trois baies entourées à l'intérieur d'une archivolte décorée de moulures et reposant sur des pilastres ornés eux-mêmes de cannelures et autres ornements de la période romane. Une corniche très simple ornait l'abside et les gros piliers du choeur à la naissance de l'ogive. A l'entrée du choeur, deux colonnes à demi engagées dans les piliers et surmontées d'un chapiteau à feuillages supportaient l'arc doubleau de l'arcade qui sépare la nef du choeur. Deux baies étroites comme celles de l'abside éclairaient les deux bras du transept. Le choeur, comme on le voit par la régularité de ses lignes et l'arc en tiers-point de son ogive, rappelait la période la plus pure de l'époque romane.

La nef, par contre, n'avait rien de remarquable. Elle était absolument semblable à la nef actuelle de l'église d'Avenas qui date de la même époque. Deux murs très simples, en pierres de la localité, sans contreforts, des fenêtres romanes sans aucun ornement; le cintre de la grande porte retombant sur de simples pieds droits.
La voûte elle-même était-elle ogivale? Etait-elle formée par une simple charpente? On ne peut le dire. Dans les siècles derniers, elle était lambrissée à compartiments selon l'usage du temps. Le lambris fut remplacé par un simple plafond avant la Révolution. Quel contraste entre ce choeur que nous venons d'admirer et cette nef si pauvre du point de vue de l'architecture! Il suffit pour en trouver l'explication, de se reporter aux coutumes du Moyen-Age. Lorsque des moines ou un bénéficier faisaient bâtir une église, ils ne construisaient que le choeur et le clocher. La nef était à la charge des paroissiens qui, la plupart du temps, très pauvres, ne faisaient que le strict nécessaire.
Voila le motif pour lequel nous n'avons dans nos paroisses de campagne aucune église complètement achevée: à un choeur fort régulier s'ajoute une nef d'une simplicité extrême. Le beneficier était tenu de pourvoir aux réparations du choeur et du clocher: la conséquence est naturelle. Nous voyons cette loi appliquée à Ouroux jusqu'à la Grande Révolution. Le Chapitre de Beaujeu étant décimateur de la paroisse se voit contraint légalement par Mr Morin à faire les réparations urgentes au choeur de notre église et à son clocher et lorsque Mr Guillin lègue un bois à la Fabrique il a bien soin de spécifier que les ais serviront aux réparations de la nef.

L'église d'Ouroux est parfaitement orientée, suivant l'usage de l'époque et les prescriptions liturgiques. La nef avait la longueur actuelle; comme aujourd'hui l'aire du choeur était plus élevée que celle de l'église elle-même.

Etudions maintenant les transformations successives qu'elle eut à subir dans le cours des siècles.

Le choeur subit des transformations profondes. A une époque qu'il est impossible de préciser, peut-être sous l'administration de Mr Berthet, le maître-autel fut transporté du milieu du transept au fond même de l'abside. La forme semi-circulaire de celle-ci ne permettant pas d'adosser l'autel contre la muraille, les colonnettes durent disparaitre. On mura la fenêtre du milieu et l'autel ne se trouva plus éclairé que par les deux baies latérales. Nous avons vu Elzéar Berthet, curé, faire une souscription afin de construire la sacristie du côté du maître-autel. Le sieur de GrosBois fournit le ciment et le bois nécessaire pour le couvert. Duligier-Testenoire donna la porte. Celle-ci était au même endroit qu'aujourd'hui. Il est probable que le transport de l'autel dut avoir lieu la même année, c'est à dire en 1683; toutefois la dépense exigée par cette modification n'a point été relatée. Peut-être même remplaça-t-il l'ancien autel par un nouveau. Du moins, nous le voyons acheter au prix de 120 livres cette même année un tabernacle fourni par Mr Novil, maître sculpteur demeurant devant le grand collège à Lyon. Il acheta en même temps les figures de Saint Antoine et de Saint Barthélémy qui furent placées dans leurs chapelles respectives. Plus tard, comme il s'agissait de placer au-dessus de l'autel un grand tableau représentant les deux patrons de la paroisse, et que la corniche, seul ornement d'architecture qui existât encore gênait, on la fit disparaitre. Mr Guillin devait à son tour poursuivre ces transformations si malheureusement commencées. Les deux fenêtres qui avaient été conservées de chaque côté de l'autel étant trop étroites pour donner une lumière suffisante furent, en 1763, l'une murée, celle de gauche, et celle de droite considérablement agrandie. On comprend facilement combien cet ensemble était disgracieux. Deux ans plus tard, il faisait placer une statue à chaque angle de l'autel. Les deux côtés du transept étaient occupés par les patrons de la paroisse: Saint Antoine et Saint Barthélémy. La chapelle du côté de l'épitre était dédiée à Saint Barthélémy; celle du côté de l'évangile à Saint Antoine.
L'intérieur de l'église fut plus spécialement l'objet de la sollicitude de Mr Guillin. Il fit construire des bancs plus convenables et plus commodes pour les fidèles (1736-1754); boiser la chapelle de Notre Dame (1738), le choeur et la chapelle de St Barthélémy (1754); la nef de l'église (1758); reconstruisit la sacristie (1752).
église Saint Antoine d'Ouroux
Il remplaça le grand bénitier par celui qui existe encore aujourd'hui. Il est en marbre de Tramayes et a coûté 15 livres. La table de communion actuelle fut achetée par son successeur (Mr Trouilloux) en 1779 et fournie par Bourgeot, serrurier à Villefranche.

Depuis le XVIIIème siècle Saint Antoine ermite est devenu le principal patron de notre église. A la suite de quelles circonstances ce changement s'est-il opéré? Sans doute à cause du pélerinage dont il nous reste à dire quelques mots.

La chapelle de Saint Antoine est depuis longtemps le but d'un pélerinage célèbre dans nos contrées. Le 17 janvier une foule considérable de pélerins accourus de toutes les paroisses environnantes du Mâconnais comme du Beaujolais viennent implorer le Saint Ermite à l'exemple de leurs pères. Comme du reste dans tous les pélerinages, c'était autrefois la coutume générale de venir à jeun. Pendant de longues années, un grand nombre, malgré les distances considérables qu'ils avaient à franchir, sont restés fidèles à ce pieux usage. Ils viennent aux pieds de notre saint patron accomplir les voeux faits par leurs ancêtres depuis plusieurs siècles, peut-être en faveur de leurs bestiaux et spécialement pour les porcs. Quelle est l'origine de ce pélerinage? Il remonte certainement à une époque fort reculée. Dès 1667, comme nous venons de le voir, la chapelle de Saint Antoine était le but "d'une grande affluence de peuple". L'histoire nous permet de remonter plus haut encore. Le 1er octobre 1523, nous voyons le roi François 1er accorder par lettres patentes au bourg d'Ouroux un marché tous les lundis de chaque semaine et deux foires par an, l'une huit jours après la Saint Barthélémy, l'autre à la Saint Antoine, le tout confirmé par le roi Charles IX. Cette foire, établie le jour de la Saint Antoine, nous permet de conclure qu'elle le fut à l'occasion du pélerinage, les pélerins voulant profiter de leur réunion à Ouroux pour leurs ventes et leurs achats. (...) La peinture nous représente Saint Antoine portant un livre d'une main, de l'autre un bâton et une clochette; à ses pieds un animal immonde; auprès de lui un feu allumé. Le livre rappelle que le saint solitaire avait une science merveilleuse des écritures; le bâton que l'homme d'ici-bas n'est qu'un voyageur; la clochette est le symbole de vigilance. Le feu indique l'efficacité de la protection du saint pour sauver des flammes de l'enfer ou du terrible fléau qui décima les peuples du Moyen-Age. Ce feu sacré, appelé aussi Mal des Ardents était une peste horrible appelé depuis "feu de Saint Antoine". Enfin personne ne l'ignore, l'animal immonde est la personnification du démon et des tentations violentes dont Saint Antoine fut assailli par cet esprit impur. Or qu'arriva-t-il? Une épidémie, plusieurs peut-être causèrent de grands ravages parmi les troupeaux, ceux des porcs principalement. Les populations voyant cet animal représenté auprès de Saint Antoine et par la peinture et par la sculpture, conclurent que ce saint en avait fait son compagnon fidèle. A cette heure encore, malgré les enseignements donnés sur ce point, le plus grand nombre n'affirme-t-il pas que Saint Antoine avait toujours un porc auprès de lui dans le désert? De là à l'invoquer spécialement pour obtenir de notre patron une protection efficace, il n'y avait qu'un pas. Il s'était même établi dans ce pélerinage un curieux usage. Chaque pélerin apportait comme offrande un pied de porc qu'il déposait dans une corbeille placée à l'entrée de l'église. Le curé les distribuait ensuite aux pauvres de la paroisse. Cette coutume a subsisté jusqu'au commencement du XIXème siècle. Ce fut Mr Polloce qui la fit cesser vers 1820.

La nef ne renfermait primitivement aucune chapelle. Mais à l'époque où les familles seigneuriales commencèrent à jouer un certain rôle dans la paroisse, quelques uns tinrent à honneur de se distinguer du reste des fidèles en construisant des chapelles particulières. On pratiquait une ouverture dans les murs latéraux de la nef, on élevait une construction plus ou moins architecturale et on fermait l'entrée par une grille afin que personne n'y put pénétrer. Le seigneur faisait en même temps une fondation de messes à l'acquit desquels avait droit le prêtre désigné par le fondateur ou ses héritiers.
A droite, côté de l'épitre, en allant du sanctuaire à la grande porte (se trouvaient): 1° la chapelle de Sainte Croix 2° la chapelle de Saint Claude 3° la chapelle de Saint Vincent

A gauche du côté de l'évangile, en suivant le même ordre: 1° Notre-Dame de Gré, Saint Roch et Saint Sébastien 2° la chapelle de Sainte Magdeleine 3° la chapelle de Sainte Catherine

Les chapelles seigneuriales n'ayant plus de raison d'être depuis la Grande Révolution, les fondations elles-mêmes n'étant plus exécutées et la nef se trouvant tout à fait insuffisante pour une population s'élevant en 1831 à plus de 1000 habitants, Mr Polloce (vicaire, puis curé d'Ouroux de 1815 à 1857) résolut d'établir deux nefs latérales.

Pour cela, il fit abattre les murs des chapelles, remplacer les énormes piliers par les colonnes actuelles et prolonger les murs extérieurs jusqu'à la façade de la nef principale.

Six colonnes reposant sur un socle, surmontées de chapiteaux historiés, soutiennent le toit de l'église.
chapiteau de colonne de l'église Saint Antoine d'Ouroux (Rhône)






cliquer ici pour découvrir les dix chapiteaux
de l'église Saint Antoine d'Ouroux (Rhône)
sculptés entre 1844 et 1850 par le vicaire MORETAIN





Il se proposait de faire construire, dans les nefs, des voûtes ogivales. On entreprit même ce travail dans la nef de la chapelle de la Sainte Vierge vers la petite porte; mais par suite du peu d'élévation du toit, on dut y renoncer et on répara simplement les plafonds qui existaient déjà.

Une fois les sculptures des chapiteaux terminées, Mr POLLOCE demanda à son vicaire-sculpteur de réaliser un nouveau tabernacle.
tabernacle de l'église Saint Antoine d'Ouroux (Rhône)











cliquer ici pour plus d'informations sur les sculptures du tabernacle
de l'église Saint Antoine d'Ouroux (Rhône)
réalisées vers 1850-1852 par le vicaire MORETAIN













En même temps, on remplaça la grande porte par celle qui existe actuellement et dont le moindre défaut est d'être d'un style absolument différent de celui de l'église.

église Saint Antoine d'Ouroux (Rhône)

L'ancienne horloge dont la disparition, il y a une quarantaine d'années, a été si vivement regrettée de l'ensemble de la population d'Ouroux, avait été également achetée par Mr Guillin en 1754. Elle lui fut vendue par Jean Fournier, horloger à Morbier (Comté) au prix de 400 livres. La cloche a été fondue à Ouroux même par Arnaud Laplatte fondeur à Mâcon et a coûté 111 livres.
Elle porte cette inscription: 'La mort est certaine /.. Le jour est incertain /.. L'heure encore plus. 1754 /.. Laplatte de Macon m'a fait'.
On construisit pour recevoir cette horloge une tour carrée surmontée d'un campanile dans lequel fut placée la cloche.
S'inspirant des inscriptions de celle-ci, on reproduisit au sommet de la tour ces deux inscriptions: 'Je sonne la dernière heure' et 'C'est l'heure d'aimer Dieu'.

En 1830 Mr Polloce fit transporter le campanile sur la grande porte et la tour disparut.



En 1818 (Mr Polloce) fit construire le maître-autel actuel et le retira du fond de l'abside où il avait été place anciennement pour le mettre sous la coupole où il se trouve aujourd'hui.

Enfin ce fut encore Mr Polloce qui fit transporter le cimetière au nord du bourg, sur la route du Razay.(...) Le nouveau cimetière fut béni le 2 novembre 1854. Mr l'abbé Mahuet Joseph né à Ouroux fut le prédicateur choisi pour la circonstance.

Claude Delvaux, curé d'Ouroux de 1935 à 1944, ... aménagea la cure, fit quelques réparations à l'église, installa une madone au-dessus des Friats.


les fresques et vitraux de Jean Luc Barbier

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